Avec Bienvenue à Marwen, Robert Zemeckis met en scène un drame assez étonnant qui jongle entre prise de vue réelle et animation d’une manière intimement liée à son récit.
Bienvenue à Marwen raconte le quotidien post-traumatique de Mark Hogancamp, victime d’une amnésie totale après avoir été sauvagement agressé. Il semble désormais vouer une dépendance aux répliques miniatures et aux poupées en mettant en scène Marwen, un village belge fictif où les figurines représentent ses proches, ses agresseurs ou lui-même. Néanmoins, Mark va devoir apprendre à faire face à la réalité pour tourner définitivement la page.
C’est porté par un excellent Steve Carell que le film parvient à être touchant et maîtrisé. Le parallèle entre l’univers fantasmé de Marwen et cette réalité triste et difficile permettent au fur et à mesure de faire évoluer son personnage et finalement donner tout un sens à ce film. Les actes qui se déroulent à Marwen lui permettent de romancer son quotidien ou son vécu. Son alter-ego en poupée est un cliché du héros américain qui s’appelle Hogie, militaire de l’US Air Force qui côtoie des “barbies” et cognent régulièrement des nazis. C’est sa façon d’échapper à un monde réel qui le terrorise, mais aussi une sorte de thérapie post-traumatique qui s’avère beaucoup plus bénéfique que ces médicaments.
La réalisation de Robert Zemeckis fonctionne très bien. L’animation est même parfaite et permet au spectateur de ne pas être déboussolé par les transitions entre la réalité et l’imaginaire. Les deux “mondes” se mélangent aisément et on pourrait presque croire que ces poupées sont finalement bien vivantes et veillent sur le héros.
Bienvenue à Marwen est d’autant plus surprenant lorsqu’à son terme, on découvre qu’il s’agit d’une histoire vraie. Robert Zemeckis prône ainsi un message de tolérance et d’humanité et probablement un cri d’amour à tous ceux qui ont su garder leur âme d’enfance face à un monde trop sérieux et trop compliqué.
Bienvenue à Marwen, c’est donc une belle histoire, touchante dans son traitement romancé, mais aussi étonnante de par son authenticité. Un film tout à fait agréable et tolérant qui ne marquera peut-être pas la filmographie de son réalisateur, mais aura le mérite d’être un argument de plus pour affirmer son style.