C’est quoi le cinéma ?

Le cinéma, qu’est-ce que c’est ? Savez-vous l’expliquer ? On pourrait se contenter de répondre que c’est un art et une industrie, mais qu’est-ce qui se cache derrière ces deux termes que l’on pourrait croire contradictoire ? Qu’est-ce qui définit le cinéma exactement ?

Le mot « cinéma » est avant toute chose l’abréviation de cinématographie, le nom donné à la discipline liée au cinématographe, l’appareil popularisé par les Frères Lumières. Cinématographie vient du grec kínēma, qui signifie mouvement » et graphê, qui signifie « écrire ». Étymologiquement, cinématographie signifie donc écrire avec des images “en mouvement”.

L’appareil que l’on nomme le cinématographe, lui est issu du croisement entre un appareil photo, pour la prise d’image et la mécanique d’une machine à coudre, pour l’illusion du mouvement. Ce mécanisme permet ainsi de capter sur de longues pellicules, un grand nombre d’images, les unes derrière les autres, soit une cadence de 16 images par seconde, puis 24 images par seconde avec l’arrivée du sonore, ce qui est devenue la norme au cinéma. Ces images, projetées les unes derrière les autres à une telle vitesse, donnent ainsi au spectateur l’illusion du mouvement. Exactement comme un folioscope dont on tournerait les pages très vite, avec un dessin qui évolue sur chaque page, ce qui nous donne l’illusion de son mouvement (c’est ce que l’on appelle l’effet phi).

Exemple de l’effet Phi : Sallie Gardner at a Gallop, par Eadweard Muybridge le 15 juin 1878.

Sallie Gardner at a Gallop est une série de vingt-quatre photographies en noir et blanc composée d’un cavalier sur son cheval au galop. Il est le résultat d’une expérience photographique d’Eadweard Muybridge réalisée le 15 juin 1878. Un essai scientifique, précurseur du cinéma, exerçant l’effet Phi.

Au cinéma, quoi de plus banal qu’une scène d’action ? Pourtant, quand on regarde un film, on a rarement conscience que ce n’est que des images animées et que nous sommes victime d’une illusion de mouvement. Une illusion qui au cinéma, n’est pas seulement employé pour filmer quelque chose, mais bien aussi pour raconter une histoire et la mettre en scène. 

Le cinéma, c’est d’abord une histoire…

Résultat de nombreuses années d’expérimentations, d’évolutions technologiques et toujours en perpétuel évolution, le cinéma, c’est ainsi l’art de réaliser un film, l’ensemble des moyens et des techniques pour le faire, mais aussi l’ensemble des moyens et des techniques pour le diffuser. Une discipline que l’on doit tout autant aux frères lumières qu’à tous ceux qui su innover et transformer la manière d’exploiter cette technologie au fil des décennies, car d’hier à aujourd’hui, de nombreux cinéastes ont contribué à faire du cinéma que l’on connaît, ce qu’il est ou même ce qu’il sera demain.

Les bases du cinéma moderne sont donc apparus avec la manière d’utiliser le cinématographe. On doit par exemple l’une des grandes premières innovations cinématographiques à George Méliès, un illusionniste initié au monde du théâtre et maîtrisant parfaitement l’art du spectacle. Il est l’un des premiers à avoir vu le potentiel de mise en scène qu’offre la cinématographie. Ces trucages sont même considérés comme les premiers effets-spéciaux du cinéma. Il fut également le premier à en vivre en France, en créant Star Film, le premier studio de cinéma français. George Méliès a donc su exploiter le cinématographe des frères lumières, sous un angle différent, pour exprimer sa maîtrise du trucage et même en tirer profit. Ce qui marque le début du cinéma “spectaculaire” et divertissant tel qu’on le connaît en l’imposant déjà comme une discipline artistique, divertissante et une industrie déjà concurrentielle.

L’un des premiers trucages cultes : L’Homme à la tête de Caoutchouc par George Méliès (1901).

Le cinéma, c’est aussi un art

Le cinéma est largement admis comme un art populaire, mais il a longtemps été vu comme une curiosité de foire, mal considéré, suscitant autant de réactions de fascination que du mépris. Néanmoins la réalisation d’un film peut tout à fait être portée par des valeurs, des codes de genre (fantastique, action, comédie, drame…) et comme dans toutes autres formes d’art, le cinéma a la capacité de s’adresser aux sens, aux émotions et à l’intellect. Le récit d’un film peut ainsi être appuyé par le symbolisme des décors, le jeu des acteurs, la lumière, les couleurs, les mouvements de la caméra, le son ou même les musiques. C’est pourquoi la signification que peut avoir un simple plan et la sensation que cela peut provoquer aux spectateurs n’ont presque pas de limites.

Le cinéma est d’ailleurs couramment désigné comme le « septième art ». Un titre que l’on doit à Ricciotto Canudo, un critique italien vivant à Paris qui avait publié, en 1923, le Manifeste des sept arts. Pour lui, le cinéma est l’art le plus avancé puisqu’il intègre les cinq éléments de l’art : le langage, le son, l’image, le mouvement et l’interactivité. 

Bien évidemment les exemples pour illustrer les propos de Canudo sont légions. Il suffit de penser à une scène qui vous a marqué dans un film. Pourquoi vous a t-elle marquée ? Qu’est-ce qui la différencie des autres scènes de ce film ? Sur quoi l’accent est mis ? L’image, le son, les dialogues ? Tout cela à la fois ? Par exemple, dans la fameuse scène de l’ascenseur du film Drive, réalisé par Nicolas Winding Refn, le son et la lumière, mais aussi le jeu des trois acteurs et les plans de la caméra sont parfaitement bien pensé pour rendre cette scène iconique du film. L’absence de dialogue est un message en soi et permet d’accentuer toute la tension qui règne dans l’ascenseur, mais cela permet également de renforcer toute la complexité émotionnelle qu’il y a entre les deux protagonistes (Carey Mulligan et Ryan Gosling) menacés.

De cette manière, chacun peut interpréter tout l’esthétisme et l’essence créative qu’il y a dans son film préféré ou dans une scène particulière. Dans le but, de prendre conscience de l’importance de l’aspect artistique au cinéma.

Le cinéma, c’est aussi une industrie

La fabrication et la projection de films sont devenues une source de profit presque dès l’invention du cinéma. Le succès populaire grandissant, il y a très vite eu des producteurs, des studios et des salles de projection pour ordonner le cinéma en trois axes : la production, la distribution et l’exploitation. 

D’après Joëlle Farchy, professeure à l’Université Paris II, qui a écrit L’Industrie du cinéma – que sais-je ?, contrairement à la plupart des autres arts, le cinéma est fondé sur ce lien inextricable entre création et argent. S’il produit parfois des chefs-d’œuvre, il s’est développé dès l’origine dans une logique de compétition acharnée entre quelques groupes industriels et en faisant appel à des techniques onéreuses.

Quand on regarde le box-office mondial, grand symbole de réussite commerciale pour un blockbuster, on constate très nettement la supériorité du cinéma américain et plus particulièrement d’Hollywood, place forte du cinéma de divertissement où seulement quelques studios se disputent le haut du box office. Pourtant, Hollywood ne produit qu’une fraction du nombre de films réalisés dans le monde entier, mais recueille chaque année plus de 75 % des recettes totales. Ce succès de l’industrie Hollywoodienne témoigne de la puissance de la culture américaine, qui séduit assez facilement le grand public, mais c’est également dû à une quantité excessive d’argent dépensée, par rapport à des profits, qui tendent pourtant vers le négatif. En effet, Hollywood a toujours dégagé des profits très limités au regard des sommes investies et surtout des risques encourus.

Classement mondial des pays producteurs de cinéma entre 2005 et 2013. Le classement ne semble pas beaucoup bouger sur les dernières années (Production de films par pays).

Parmi ces risques, il faut prendre en compte le fait que le public ne vient plus au cinéma sans connaître un minimum ce qu’il l’attend, mais au contraire, il se déplace pour un film particulier. Il faut donc à chaque fois susciter le désir de voir un film, d’autant que les multiplexes n’hésitent pas à « déclasser » un film, voire à l’abandonner d’une semaine à l’autre si ses performances ne sont pas satisfaisantes. Un lancement réussi passe donc par une promotion intensive. La publicité joue ainsi son rôle dans le succès d’une production cinématographique.

Tel un produit de grande consommation, pour promouvoir un film, il y a des teasers, puis des trailers, qui sont parfois accompagnés par d’importantes campagnes publicitaires (affiches, interviews, objets dérivés…). Tout est pensé pour faire fantasmer les plus rêveurs d’entre-nous, car l’envie se crée sur nos fantasmes et très souvent c’est ce qui nous influence à choisir un film, plutôt qu’un autre, mais malgré cela, l’échec ou le succès d’un film n’est pourtant pas évident à prévoir. En effet, en tant que produit culturel, un film peut tout à fait provoquer des émotions contraires à ses ambitions, ne pas rencontrer son public, passer complètement inaperçu face à la concurrence ou subir le mécontentement de certains fans exigeant. C’est pour cela que le cinéma est considéré comme un marché risqué, car malgré les énormes sommes d’argent qu’il peut rapporter, c’est avant tout d’énormes sommes d’argent investi. Un film a donc besoin d’être vu et d’être apprécié, mais avant cela, il a surtout besoin d’être pensé et réfléchit correctement. 

Le cinéma est une industrie incertaine qui nous impose depuis un demi-siècle des histoires et des images plus ou moins formatées pour rapporter de l’argent. Le plus souvent sur la base de la culture américaine, avec des moyens considérables et spéctaculaire. Néanmoins, même les plus grands succès témoignent d’une importante part de créativité nécessaire, peu importe la publicité allouée. C’est donc là que l’industrie rencontre l’art, car dans le succès d’un film, l’un ne va pas sans l’autre.

Les grandes licences, aussi industrialisée qu’elles soient, telles que Star wars, ont pourtant bien été le fruit d’une imagination débordante, d’un cinéaste inventif. Elles ont parfois même su marquer l’histoire du cinéma, chacune à l’heure manière. Ce sont des oeuvres culturelles devenue des succès du box-office et de véritable poule aux oeufs d’or pour leur producteur. Ainsi, leur principal point commun, c’est qu’elles sont parvenues à faire voyager leur spectateur. Autrement dit, elles ont réussi à les divertir. Une sorte d’illusion réussie, qui permet de ne pas simplement raconter ou illustrer une histoire, mais de nous la faire vivre.

Sur le tournage de Star Wars en 1977, l’une des plus grandes licences cinématographiques à ce jour.

Le cinéma est un art et une industrie et en ce sens, un film peut être traité de manière plus ou moins intellectuelle ou commerciale, mais pourtant, de l’écriture du scénario à la diffusion en salle, ce qui compte c’est finalement le spectacle qui est proposé. Peu importe l’industrie qui se cache derrière, le cinéma c’est avant tout une expérience qui doit vous toucher, vous divertir, vous émouvoir et vous faire voyager.

C’est ça le cinéma, de manière très factuelle, c’est une discipline, mais aussi une passion, un outil d’expression et de communication que l’on doit ressentir pour l’apprécier ou même la détester. Le cinéma est vaste et évolutif, mais demeure à la fois une expérience collective et personnel, avec une certaine force d’expression et de sensation à faire ressentir.

A la une

Your Name. Une merveille pleine de poésie.

Your Name. (Kimi no na wa. en vo) est un film d’animation japonais réalisé par Makoto Shinkai (c’est son premier film à...

Guns Akimbo, trip énergique et geek

Deuxième réalisation de Jason Lei Howden, Guns Akimbo, qui met en scène Daniel Radcliffe dans le rôle principal, est disponible sur la...

Star Wars VIII – The Last Jedi, échec inavoué

Après un épisode VII divertissant sur la forme, mais décevant sur le fond, Rian Johnson succède à J.J. Abrams avec cette fois...